Je suis Charlie ! Je ne suis pas Kényan !
Que cela soit tenu pour dit : « Je suis Charlie » parce que, ce qu’on a essayé de tuer en janvier dernier en France c’était la liberté d’expression et non simplement quelques dessinateurs européens.
Quand je dis que je suis Charlie, j’indique par là qu’on ne devrait pas répondre aux coups de crayon par des coups de canon. Et rien d’autre.
Dans la même veine, je prends mes distances avec le « Je suis Kényan » parce que contrairement à la vague déferlante, je refuse de me voiler la face et je préfère voir le drame qui s’est produit dans une université kényane pour ce qu’il est réellement. Ceux qui sont morts n’ont pas été tués parce qu’ils étaient Kényans, ils ont été tués parce qu’ils étaient chrétiens. C’est la liberté de religion qui a été cruellement atteinte au Kenya.
A Paris des chefs d’État africains ont participé à la marche pour Charlie afin de défendre la liberté d’expression ; je veux que l’on m’explique le mal qu’il y a à cela ! Nous ne sommes même pas capables, ou manquons tout simplement le courage d’identifier clairement l’objet de la barbarie du Kenya. Pire, pour principale réaction, certains refusent que les faits soient rapportés exactement tels qu’ils se sont produits. En choisissant de tuer les étudiants chrétiens et de laisser la vie sauve à ceux qui étaient de confession musulmane, les shebabs ont essayé (en vain, il faut y travailler) une fois encore de susciter et d’entretenir une guerre de religion. C’est cela la vraie tragédie, au-delà du nombre de victimes déjà insupportable.
Arrêtons avec des faux parallèles et osons regarder la vérité en face.
En ce jour de Pâques de Paris à Garissa (Kenya) en passant par Kano (Nigeria) et autres, la priorité devrait être à œuvrer pour faire barrage aux guerres de religions que l’on agite chaque jour sous nos yeux à travers des actes d’une barbarie inqualifiable.
En ce jour de Pâques, je veux le dire orbi et urbi : je suis chrétien… je suis musulman… nous sommes une seule et même humanité… la guerre des religions n’aura pas lieu, ou alors elle se fera sans moi.