Blé Goudé à la CPI : né avant la honte !
S’il est une gymnastique intellectuelle dont sont friands les intello chez nous en Afrique, c’est bien cet exercice de foutage de gueule permanent qu’illustre à merveille l’allégorie de l’homme d’Église : « Faites ce que je vous demande et non ce que je fais ». Aujourd’hui, pour être un leader d’opinion en Afrique, la recette est connue : avoir une belle phraséologie, tricoter quelques petites anecdotes bien épicées sur les tribulations du néocolonialisme, donner à consommer sans modération une suite bien cousue de litanies pour caresser dans le sens du poil ce sentiment anti-occident tant en vogue au sein de l’opinion publique africaine. Et hop, le tour est joué !
Charles Blé Goudé est le symbole d’actualité de cette clique de tribuns qui connaissent la recette à merveille. Ils jouent leur rôle d’acteur à la perfection. A un point tel que leur public, l’opinion publique, heureux dindon de la farce, délègue sa liberté de penser à ces dealers…leaders d’opinion. Une fois que la cour des fanatiques est constituée, le mal est incurable. N’allez surtout pas expliquer à quelques férues de la série « 24H Chrono » que Jack Bauer n’est pas Kiefer Sutherland. C’est un peu comme si vous essayiez de convaincre un « jeune patriote » que Charles Blé Goudé, l’homme, et « le Général de la rue », sont deux personnages différents, l’un étant une réalité visible et connue, l’autre, un personnage de cirque prestant avec talent. C’est raté d’avance ! Mais on ne perd rien à essayer…
Dans le film qui se jouait autour de la crise ivoirienne, Charles Blé Goudé incarnait un personnage, « Le général de la rue », pourfendeur du néocolonialisme, haranguant les foules aux rythmes de « jolis treillis…on va les déshabiller…héééé !». Faisons la part des choses. « Le général de la rue » est un acteur. Un bon acteur. Talentueux. Il porte avec grand art la voix de cette Afrique qui insupporte le néocolonialisme, abhorre les réseaux de la françafrique, exècre tout ce qui remet en question la souveraineté de nos Etats Africains. Ceux qui le prennent pour modèle poussent le zèle jusqu’à stigmatiser les autres, ces africains qui sont allés à l’école du colon, qui ne s’abreuvent d’info que sur les chaines de télévision du Colon, qui alignent leurs théories sur celle du Colon.
Charles Blé Goudé, lui, n’a rien à voir avec le « Général de la rue » ou l’image que ses obligés en ont. Pour le « Général de la rue » et la frange de l’opinion qu’il représente, la CPI est une sorte de machin, qui n’existe que pour humilier les dirigeants africains. Mais si vous lui demander son avis à Charles Blé Goudé, il vous dira qu’il n’a pas confiance à la justice de son pays. Entre le tribunal du Colon et celui de la Côte d’Ivoire, le patriote « Général de la rue », s’il existait dans la vraie vie, aurait méconnu à la Cpi le droit de le juger, lui l’Africain qui insupporte tout ce qui rappelle le néocolonialisme. Mais attention, l’individu requinqué qui est à la CPI, c’est Charles Blé Goudé, l’homme, le vrai. A la différence des discours enflammés du « général de la rue », Charles Blé Goudé, lui, sait très bien là où ses droits en tant qu’humain seraient les mieux respectés. A ne donc pas confondre avec le patin qui, dans sa tenue d’acteur, fustige ce tribunal du Colon auquel tout panafricaniste digne du nom ne ferait pas allégeance ! Mais du film à la réalité, le fossé est grand, l’enjeu aussi…
Des Charles Blé Goudé, vous en trouverez à foison sur le continent. Ils stigmatisent tout ce qui vient de l’occident, font des discours poétiques sur le panafricanisme. Une fois qu’ils ont assez pillé les ressources de leur pays et qu’il faut assurer une meilleure éducation à leur rejeton, c’est vers l’occident qu’ils tournent le regard. Vous avez dit Panafricanistes ?! Ils jurent la main sur le cœur et la mine presque sincère que les problèmes des africains doivent se gérer en Afrique entre africains, mais dès une situation sanitaire nécessite une évacuation sanitaire dans sa propre petite famille, on sait où atterrira le malade : en occident ! Vous avez dit panafricanistes ?! Comme l’ami Blé Goudé, ils vous feront de si beaux discours sur les raisons pour lesquelles il faudrait bruler la CPI, mais attendez de les voir aux prises avec la justice de leur pays pour découvrir le vrai visage de ces panafricanistes des planches de théâtre. D’aucuns brandiront leur second passeport, de nationalité française en général, pour revendiquer le droit d’être jugé dans « leur » pays. Ne riez pas ! D’autres, à l’image de Charles Blé Goudé, enfileront leur tenue d’enfant de chœur, et exploiteront à loisir et avec talent la tribune de la CPI pour expliquer aux dindons de la farce que lui, Charles Blé Goudé, n’a jamais fait de mal à une mouche. Il demandera qu’il plaise à la Cour de ne surtout pas entretenir la moindre confusion entre lui et l’autre, le « général de la rue ». Lui, Blé Goudé, est un sain. Le personnage, « g »néral de la rue » n’était en réalité que l’acteur d’un feuilleton, « 24h Chrono à Abidjan », qui endeuilla plus de trois mille familles. Mais qu’importe ! Puisqu’on vous dit qu’il ne s’agissait là que d’un film !!!
Revenons à la réalité. Ça se passe à la CPI. Et ce qu’il s’y joue ressemble à un autre film. Un film qu’on pourrait intituler : né avant la honte…
On vous connaît ! Oui…on vous connaît !!!
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