Le Tout Puissant, Kadhafi, les rois d’Afrique et la démocratie

Article : Le Tout Puissant, Kadhafi, les rois d’Afrique et la démocratie
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11 octobre 2014

Le Tout Puissant, Kadhafi, les rois d’Afrique et la démocratie

L’affabulateur, par la magie d’une imagination fertile, a pu établir la connexion avec l’autre monde dont il nous rapporte quelques échos. Avril 2011 : Mouammar Kadhafi embarque dans le vol pour l’immortalité. Une fois débarqué dans le grand monde et malgré son état, extrêmement amoché, il se dirige directement vers le Maître des lieux.
– Tout Puissant ! Tout Puissant ! Tu as vu ce que ces mécréants m’ont fait sur Terre ? Regarde-moi ! Regarde le travail de Sarkozy et ses amis ? Eh Tout Puissant …Toi-même regarde ! Comment as-tu pu les laisser me faire ça, à moi !!!
Son interlocuteur le regarde, sincèrement attristé. Et, comme pour relativiser la situation, tourner la page et inviter le nouveau venu dans le monde nouveau et plus beau, le Maître des lieux s’engage.
– Toi aussi Mouammar, depuis plus de 42 ans que tu étais au pouvoir, tu ne trouves pas que c’était…
– Quoi ? L’interrompit Kadhafi, hors de lui. Tu dis quoi ? Héééé, Tout Puissant… Héééé, Tout Puissant … C’est Toi qui oses me dire ça ??? Mais Toi, ça fait combien de temps que tu es là et personne ne te dit rien, hein ??? Moi Mouammar, j’ai fait 42 ans de pouvoir… Et toi ? Et Toi ?
Sur ces mots et sans attendre son reste, il fit dos à son interlocuteur, s’en alla avec furie tout en maugréant, rageur : « D’ailleurs, les choses vont changer ici… Walaï ! ça va changer… »
Revenons sur Terre…
Les 29 et 30 septembre derniers, il s’est tenu à Dahè en République du Bénin, un sommet des Rois et autres autorités traditionnelles et coutumières du continent, ‘‘autour des questions de Paix et de l’émergence en Afrique’’, indiquait la note d’invitation de Sa Majesté Awiyan KOKPON HOUDEGBE, Roi de Dahè, à ses pairs. A la fin des travaux, les participants que nous avons pu rencontrer nous ont exposé, avec enthousiasme, quelques résolutions prises par ce syndicat des rois…oups…cette conférence des rois d’Afrique. Ce que nous avons retenu ? Nos Majestés étaient en conclave à Dahè pour étudier les voies et moyens allant dans le sens de la défense de leurs intérêts. Tenez ! Ils veulent une plus grande implication des autorités traditionnelles qu’ils sont dans la gestion du pouvoir de la république. Ne riez pas, c’est sérieux. Nos Majestés en ont par-dessus la tête de ne pas exister du tout dans l’ordre protocolaire au cours des manifestations officielles auxquelles elles sont conviées. Elles vivent comme une humiliation d’être reléguées aux dernières loges, aux yeux de leurs sujets. Les rois d’Afrique veulent un quota dans le nombre de députés dans les parlements futurs de nos Assemblées nationales. Ils veulent plus de Sénateurs dans leurs rangs. Mieux, ils veulent carrément une institution constitutionnelle entièrement dédiée, une sorte de « Chambre des lords », qui aura pour attribution, entre autres, de veiller à la paix et de conduire le processus de réconciliation partout où de besoin sur le continent.
Nous avons osé quelques petites préoccupations. Comment des autorités traditionnelles, qui doivent de fait se mettre au-dessus de la mêlée, peuvent-elles, ne seraient-ce qu’envisager de se mettre en situation de compétition avec leurs propres sujets dans le cadre de joutes électorales, les élections législatives, par exemple ? Qui incarnerait désormais l’unité du royaume, l’autorité morale, le dernier recours entre fils et fils du royaume, si la tête couronnée, le gardien du temple, choisit de prendre une couleur politique ? Comment un pouvoir d’essence divine, peut-il lorgner les titres que s’attribuent les petits mortels ? Devant cette avalanche d’inquiétudes qui masquaient mal un coup de gueule, nos majestés ont fait la moue. Mi- dubitatifs, mi- intrigués, mi- embarrassés, on sentait bien que l’inspiration tardait à venir. Finalement, l’un s’est risqué à une explication : « Vous savez, nous autres Rois d’Afrique, sommes à la fois des êtres matériels et immatériels…. » Allez comprendre : leur moi matériel, l’homme que chacun d’eux est avant tout, a tout à fait le droit d’être candidat au poste de député dans son canton. De l’autre côté, le moi immatériel, la divinité qu’il incarne, doit rester au-dessus de la mêlée. Nous garderons pour nos ‘‘esprits tordus’’ et ‘‘occidentalisés’’ les questions que soulève une telle explication.
A ceux qui s’étonnent du rapport des jeunes générations à nos traditions africaines, c’est aux dépositaires, aux « Gardiens de nos traditions » qu’il faut poser certaines questions ! Le ver est dans le fruit…
Le « roi des rois d’Afrique, paix à son âme, n’est pas étranger à cette prise de conscience bizarroïde qui agite l’esprit de nos têtes couronnées. Nous en parlerons à l’occasion de notre prochain accès de crise blasphématoire. Nous évoquerons aussi la nouvelle vie de l’ami Kadhafi et ses envies soudaines de démocratie dans le monde des plus nombreux. Tout ceci dans notre prochain billet : « l’Opposant au régime du Tout Puissant »
Affaire à…(ne pas) suivre !

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Commentaires

Colince Yann
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Après avoir écris ceci, je me suis tapé un air de Brassens : "Le Bon Dieu me le pardonne, C'était un peu vrai... Qu'il me le pardonne ou non, D'ailleurs, je m'en fous, J'ai déjà mon âme en peine: Je suis un voyou."