Et si Boko Haram n’existait pas ?

Article : Et si Boko Haram n’existait pas ?
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27 janvier 2015

Et si Boko Haram n’existait pas ?

Certains diront que le monde n’est plus ce qu’il était avant le 11 septembre 2001. Nous autres ne voyons plus le monde comme il nous est présenté depuis la saga 24Heures Chrono, par laquelle le temps s’arrêtait en Amérique quand elle était diffusée en prime time sur Fox. Qui peut aujourd’hui évacuer du revers de la main la thèse selon laquelle cette série télévisée a réussi à préparer l’Amérique à l’idée d’avoir un Noir à la tête de la Maison Blanche ? Simple coïncide avec l’élection par la suite de Barack Obama ? A voir…
« Un complot menace l’Amérique. Des terroristes barbus et enturbannés sont à la manœuvre. Mais au fil des épisodes, la main invisible qui manœuvre en coulisses perd la complicité de l’ombre. Et le cerveau de la machination se dévoile, tantôt du ministère de la défense, tantôt du ministère de la Justice, etc., tantôt sous les traits de lugubres, cyniques et d’insoupçonnables personnages tapis dans le pénombre jusqu’à…la Maison Blanche ! » Voilà la quintessence de 24Heures Chrono ! Voilà la toile de fond de cette série qui a connu un succès planétaire : l’Amérique qui menace l’Amérique, en instrumentalisant quelques barbares barbus !
En général, ce sont les généraux du Pentagone qui investissent ainsi dans le commerce de la peur, parce qu’ils s’opposent aux coupes sur le budget de l’armée ; ou encore, c’est un régime en plein déclin qui fait recours à la mise en scène terroriste dans l’espoir d’un regain de popularité du président de la république présenté sous les traits de Chef d’État héroïque, Chef des armées exemplaire ! Et le jeu des acteurs fait le reste. Et le public n’y voit que dalle ! Rideaux !
Charlie Hebdo et les attentats des 7, 8 et 9 janvier derniers en France. Attention, ici, nous nageons en pleine réalité. Toute ressemblance n’est que pure coïncidence. Par exemple, quand la cote de popularité du Président Hollande, le plus impopulaire de la cinquième république, connaît un bond spectaculaire et historique, aux lendemains des sanglants événements. Jean-Marie Le Pen peut penser ce qu’il veut, les illuminati peuvent verser dans les élucubrations grotesques, ça fait leurs affaires !
Mais n’empêche, il y aura toujours dans ces événements style 11 septembre, des coïncidences pour le moins troublantes que le bon sens nous invitera souvent à n’en parler que sous cape, de peur de passer pour un attardé mental dans un monde où l’on a de plus en plus le sentiment que ce sont ceux qui ne pensent pas comme nous qui sont de parfaits idiots…
Alors quand les médias ne nous indiquent pas dans quelle direction il faut réfléchir, qu’est-ce qui devrait nous empêcher de mettre notre bon sens à contribution ? Par exemple, pour présenter cette lecture non médiatisée de ce qu’il est convenu, parce que les médias en ont décidé ainsi, d’appeler la ‘‘secte islamiste Boko Haram’’ ? Qu’est-ce qui nous empêche de penser que Boko Haram n’existe pas, du moins, pas comme on veut nous le faire croire ? Comme dans les dénouements rocambolesques et renversants dans 24Heures Chrono qui révélaient que les terroristes n’étaient pas les cerveaux du complot, mais justes quelques marionnettes téléguidées à des fins qu’elles-mêmes ignoraient parfois ? Qu’est-ce qui nous empêche de penser que Boko Haram est une grosse, vilaine et monstrueuse blague pour en réalité servir ceux qu’elle desservirait ?
Raisonnement par l’absurde. L’idée c’est évidemment d’inviter les bienpensants à révéler les limites de nos absurdités pour confirmer l’existence de Boko Haram. Ce que nous espérons. Parce que sinon, il faudra hélas se rendre compte que Boko Haram telle qu’on nous la présente n’existe pas. Un cas de figure qui induit de graves implications.
Alors voici. Selon nous, Boko Haram ou ce qu’il est convenu de nommer comme tel n’est qu’un gadget, une puissante marionnette montée de toute pièce pour créer ce genre de climat sécuritaire qui a prévalu aux États-Unis aux lendemains du 11 septembre 2001. Au nom de la lutte contre Boko Haram, l’unité nationale est de mise dans tous les pays où le monstre est agité. Malheur à l’opposant qui critique le régime Déby au Tchad ou Biya au Cameroun ; il sera soit accusé d’être de mèche avec l’ennemi, soit pire, et que son âme repose en paix ! Désormais, quelle que soit la gravité des exactions dans un pays aux prises avec Boko Haram, il faut avoir de l’outrecuidance pour évoquer la question des droits de l’homme, ou émettre le moindre avis contraire à la surenchère médiatique officielle.
Si j’étais Jonathan Goodluck (en voilà un qui porte bien son nom), le 14 février prochain, j’organise « mes » élections présidentielles ; je me proclame vainqueur ; dès qu’un opposant ose dénoncer les tripatouillages, je l’accuse d’être un cerveau de la secte islamiste Boko Haram ; on lui fait avaler malencontreusement son acte de naissance : dégât collatéral de la lutte contre le terrorisme, et débat clos !
Si j’étais un Chef d’Etat africain pas enthousiasmé à l’idée d’organiser les élections présidentielles dans mon pays, je jouerais de mes relations, j’obtiendrais le numéro de Abubakar Shekau, je lui passerais un coup de fil, je ferais ensuite virer d’importantes sommes d’argent sur les comptes offshore qu’il m’indiquerait. Dans les jours qui suivront, on enregistrera une attaque dans une localité quelconque de mon pays. Il y aura quelques morts et de nombreux enlèvements. Boko Haram signera le crime. Le pays sera en émoi. Et dans ce contexte, même les opposants ne s’opposeront pas à ma décision : élections reportées sine die. Et merci qui ? Merci Boko Haram !!!
Heureusement, je ne suis pas Goodluck Jonathan, je ne suis pas un Chef d’État africain, je ne suis que moi, anonyme « écrit vain » à l’imagination parfois débordante. N’empêche, voilà exactement où je veux en venir. En offrant le contexte idéal pour le durcissement des régimes dans les pays où il sévit, Boko Haram sert finalement et si mielleusement les intérêts de ces dirigeants aux mandats sans fin, qui peuvent ainsi et à loisir profiter de ces situations pour s’éterniser au pouvoir.
Et si finalement, tout ce qui nous est servi n’était que de la poudre aux yeux et qu’en réalité la secte islamiste Boko Haram telle qu’on nous la présente n’existait pas ?
Faire le commerce de la peur pour rendre impraticable le jeu démocratique dans certains pays-cibles africains : et si c’était cela l’objectif inavouable de cette grosse farce sanguinolente qui a cours sous nos yeux sous couvert du vocable Boko Haram ?

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